Historique
wong Fei Hong, l'icone du Hung Gar
INTRODUCTION
Le Kung fu (Maîtrise d'un art d'une profession), Wushu = faire cesser l'action des armes, bien différent du terme générique "art martial" qui vient de Mars le dieu Romain de la Guerre (barbare et cruel) Donc l'art de la barbarie ? Le fait de résumer au plus court occidentalement à complètement changé le sens originel !
On dénombre l'existence de plusieurs centaines de styles. Le Hung-Gar, ou point de la famille Hung, (voir historique.) reste la forme la plus reconnue dans le monde par sa complexité et intégralité, mais aussi par les légendes qui l'entoure. Portée par le cinéma à travers Jackie Chan, Jet Li... elle représente la résistance Chinoise, un patrimoine culturel et une grande fierté pour les Chinois. Le personnage emblématique du style est wong fei hong. Si les formes avancées du hung gar sont reconnues mondialement (Gong gee fo fu, Fu hoc seon yin, sap yin, tit sin). Il existe une poignée de Maîtres seulement en capacité de les enseignées avec toutes les subtilités ancestrales. En effet chaque forme contrebalance constamment entre les éléments et leurs items respectifs comme le son, l'intention, la couleur...
L'art du poing hung, renferme les principes des 5 éléments/5 animaux (eau, terre, bois, métal, feu / tigre, grue, panthère, serpent, dragon) Cet art se base sur les principes de la médecine traditionnelle chinoise (acupuncture, digipuncture, circulation énergétique), la transformation ying/yang. Le QI QONG ou mouvements énergétiques internes y est très présent mais dans un principe moins souple et détendu que ce l'on connaît de nos jours. Il y a bien sur l'art du poing (combat/défense) des 5 animaux.
La lignée ou Généalogie du Hung Gar débute Au 15eme siècle par le Moine CHI SHIN JEE SIN, De nombreux élèves, ou disciples furent formés dans le secret durant près de 5 siècles pour que l'art se développe et se transmette. Depuis le 20eme Siècle l'art s'est ouvert et est aujourd'hui enseigné dans des écoles du monde entier. Cependant c'est la forme externe qui est la plus enseignée, car peu de Maîtres connaissent ou maîtrisent la forme dans son intégralité originelle. Sifu Paolo Cangelosi en fait partie.
GENEALOGIE HUNG GAR
SHAOLIN HISTOIRE ET LEGENDES
Histoire de shaolin giovanni sciaccaluga et grue (2.06 Mo)
LES ORIGINES DU KUNG FU ET DU HUNG GAR
L’origine exacte des arts martiaux chinois se perd dans les pages du temps. Néanmoins, nous pouvons regarder en arrière et déduire de nombreux stades de développement.
Au cours de la préhistoire, l’art de l’autodéfense se limitait à lancer des pierres et à manier des armes rudimentaires telles que des gourdins et des haches de pierre. Cependant, en Chine, ces méthodes, lentement et progressivement, se sont développées en méthodes de combat très raffinées.
À l’âge du bronze, des armes, des armures et des techniques spécialisées avaient été développées. Ces méthodes reflétaient non seulement les tactiques de combat, mais aussi les principes de la psychologie, de la médecine, de la physiothérapie et de la méditation. Cette fondation précoce a continué à croître et à prospérer millénaire après millénaire. En effet, même dans notre monde moderne, les arts martiaux chinois sont pratiqués par de plus en plus de gens. En regardant en arrière sur les racines des nombreuses écoles et techniques, nous devons nous rappeler qu’une grande partie de l’histoire du Gung Fu est obscure. Parce que les dates sont souvent contradictoires, une grande partie de ce que nous entendons aujourd’hui doit être considérée comme légendaire.
De nombreux styles de Gung Fu tournent autour de la métaphysique et de la cosmologie chinoises. Les anciens maîtres de boxe développaient souvent leurs techniques de combat en observant le monde qui les entourait. Les animaux, les oiseaux et les insectes ont inspiré de nombreux styles de Gung Fu. Bien sûr, la philosophie et la religion chinoises ont également influencé le développement de ces styles.
Le style doux du T’ai Chi Chuan, par exemple, est enraciné dans les philosophies taoïstes. En plus de sa valeur en tant que moyen d’autodéfense, le Tai Chi est très bénéfique pour la promotion d’une bonne santé. En s’entraînant au T’ai Chi, on peut atteindre la paix intérieure et un sentiment de bien-être physique et émotionnel. Pour cette raison, le Tai Chi est souvent appelé yoga chinois: l’art et la science de la méditation par le mouvement.
Alors que les styles doux du Gung Fu proviennent de la philosophie taoïste, de nombreux styles durs retracent leurs origines au monastère bouddhiste appelé Shaolin, sur le mont Song dans la province du Henan. C’est là qu’un mystérieux prêtre indien nommé Bodhidharma (Damo) a établi sa résidence il y a près de 1500 ans. Selon la légende, lorsque Damo est arrivé au monastère, il a trouvé les moines en mauvaise condition physique. En raison de leur incapacité à rester éveillés pendant la méditation, Damo a introduit une série de 18 exercices conçus pour nourrir à la fois le corps et l’esprit. Ces mouvements thérapeutiques auraient fusionné avec le système d’autodéfense déjà en place à Shaolin. Pendant son séjour là-bas, Damo est également crédité d’avoir introduit Chan (Zen) en Chine.
Le rôle réel de Damo dans la boxe est ambigu. Certains historiens impliquent que les prêtres Shaolin, bien avant l’arrivée de Damo, pratiquaient un système d’autodéfense. Ce système, centré sur les combats d’état-major, a été conçu pour protéger le temple des bandits itinérants qui sévissaient dans la campagne. Puisque les détails sont très éloignés de notre époque, aucune déclaration définitive ne peut être faite quant à comment ou quand le Gung Fu Shaolin est né.
En 618, les moines du mont Song aident le futur empereur de la dynastie Tang qui leur donne alors la permission de former des moines combattants. Pendant la dynastie Yuan (vers 1300), l’art est connu pour s’être répandu à grande échelle.
Au 16ème siècle, un homme nommé Kwok Yuen, est entré dans le monastère pour étudier leur système d’arts martiaux. Déjà un épéiste habile, Kwok Yuen a non seulement maîtrisé l’art Shaolin, mais a également systématisé ses ensembles de poings en 72 exercices. Aspirant toujours à une plus grande connaissance, il a quitté le temple et a voyagé à travers la Chine à la recherche d’autres maîtres de boxe. Finalement, il a rencontré deux autres experts: Pak Yook Fong (Bai Yu Feng) et un vieil homme nommé Li. Les trois se retirèrent au monastère, où les 72 ensembles furent portés à 170. Ces techniques ont ensuite été classées en 5 formes animales différentes : Dragon, Tigre, Léopard, Grue et Serpent. Ainsi est né le Shaolin Five Form Fist.
Bien que de nombreux détails de l’art Shaolin ne soient pas clairs, les archives indiquent que les prêtres du temple se sont révélés de redoutables combattants dans de nombreuses batailles historiques. Au cours des siècles, le nom Shaolin est donc devenu célèbre pour l’habileté de ses moines combattants.
Derrière les murs du temple, l’autodiscipline augmentait les compétences techniques de combat. Un code d’éthique rigide a été établi pour améliorer le calibre des boxeurs Shaolin. En plus du développement de l’habileté au combat, l’humilité, la prudence, la patience et le dévouement sont devenus tout aussi importants dans le mode de vie Shaolin. Le point culminant de cette formation a été le test de fin d’études. Selon la croyance populaire, les boxeurs ne pouvaient obtenir leur diplôme qu’en passant un examen de vie ou de mort déchirant. Le candidat a été scellé dans un labyrinthe spécialement conçu, qui n’avait qu’une seule sortie: la porte d’entrée du monastère de Shaolin. Alors qu’un étudiant se frayait un chemin dans ce labyrinthe, il a rencontré des pièges mortels, des mannequins armés et d’autres engins mortels, tous déclenchés mécaniquement.
Puis, au début des années 1600, le peuple mandchou a commencé sa conquête des Chinois. Balayant vers le sud, ils réussirent à gagner bataille après bataille contre la dynastie Ming. La famille royale Ming s’enfuit devant les armées victorieuses de Mandchourie, arrivant finalement à Taïwan et fondant un gouvernement en exil. Peu de temps après, Zheng Cheng Kung, le dernier empereur Ming, envoya cinq loyalistes sur le continent pour construire un réseau afin de lutter contre la dynastie Ching de Mandchourie. Au cours de leurs voyages à travers Min Nan, ces cinq personnes séjournaient dans le temple du mont Jiu Lian Shaolin dans la province du Fujian. Là, ils ont trouvé un groupe de guerriers hautement entraînés et sympathiques. L’abbé a donné son soutien et en 1662, le temple est devenu un foyer de l’activisme Ming.
Lorsque les autorités mandchoues ont pris conscience que ce monastère devenait un centre d’activité loyaliste Ming, il a rasé le temple. Les moines qui ont survécu à cette attaque ont établi une nouvelle vie dans tout le sud de la Chine et beaucoup ont continué dans leurs efforts pour renverser les Mandchous. Bien sûr, cela a répandu l’apprentissage du Shaolin du Sud au loin. Dans la province du Guangdong, il y avait cinq styles principaux: Hung, Lau, Choi, Lee et Mok.
Kung Fu, Gung Fu, ou quoi ?
Vous êtes-vous déjà interrogé sur les nombreux noms décrivant les arts martiaux asiatiques? Vous avez peut-être vu quan fa, karaté, chuan fa, shorinji, tai ji, wu shu, kung fu, Gung Fu, taekwondo, tai quan dao, chuan shu, guo shu et peut-être quelques autres. Que signifient-ils tous? Sont-ils identiques ou différents? Qu’en est-il des orthographes? En fait, il y a deux problèmes fondamentaux qui travaillent ensemble et qui causent la confusion. Le premier est le problème de « l’orthographe » des caractères chinois. Le second est la migration du vocabulaire d’une langue à une autre.
« Orthographier » les caractères chinois peut sembler impossible. Après tout, ne sont-ils pas des idéogrammes ? Vous pourriez être surpris de constater qu’il existe plusieurs méthodes pour épeler les sons représentés par les caractères utilisant l’alphabet « romain ». En fait, vous avez probablement vu deux de ces systèmes par vous-même. Avez-vous déjà vu Pékin et Pékin et su que c’était le même endroit? Pékin et Pékin ne sont que deux façons différentes d’épeler les deux mêmes caractères qui signifient « capitale du nord ».
La première façon populaire d’épeler les caractères chinois était le système Wade-Giles. Il s’est concentré sur les « bouffées » de souffle qui rendent les sons similaires différents. Par exemple, « p » et « b » sont prononcés de la même manière, sauf que « p » a une « bouffée » de souffle (ou d’aspiration) dans le cadre de sa prononciation. Un autre exemple est « t » et « d ». Wade et Giles ont estimé que moins de lettres pourraient être utilisées pour représenter les sons si un autre symbole était introduit pour représenter l’aspiration.
Par conséquent, ils ont utilisé une apostrophe (') pour représenter l’aspiration. Un mot comme « Tao » se prononce « dao » et « T’ai » se prononce « tai ».
De nos jours, le système Pinyin gagne en popularité et la plupart des gens le connaissent à partir de cartes modernes. Les linguistes chinois l’ont développé pour être plus familier aux locuteurs étrangers du chinois. Ainsi, des lettres comme « t » et « d » représentent des sons que nous connaissons. D’autre part, il utilise également des lettres d’une manière que peu d’anglophones peuvent prononcer sans aide. Le pinyin doit représenter plusieurs sons uniques que le chinois a mais n’est pas représenté dans notre alphabet. Par exemple, en regardant une carte de la Chine, vous pouvez découvrir « q », « x »,"zh », et d’autres débuts étranges aux mots. Dans ces cas, le pinyin a emprunté des lettres que nous utilisons rarement pour représenter les sons chinois uniques. En général, le nouveau système est plus facile à saisir car il y a moins de bizarreries à retenir. La concurrence et le chevauchement de l’utilisation de ces deux systèmes ont créé la confusion dans des cas comme « kung fu » et « Gung Fu ». Ces deux orthographes représentent le son des deux mêmes caractères.
Le deuxième problème est l’introduction de nouveaux mots dans une autre langue. Par exemple, lorsque les arts martiaux chinois ont été popularisés pour la première fois en Amérique, ils ont été appelés « kung fu », et cela a finalement été renforcé par l’émission de télévision.
Cependant, les Chinois eux-mêmes ont plusieurs mots avec des significations similaires, et comme ces mots deviennent d’usage populaire en Amérique, ils en sont venus à représenter différents styles d’arts martiaux. Par exemple, « kung fu » se réfère généralement aux styles méridionaux des arts martiaux chinois parce qu’ils ont largement migré en premier, arrivant avec des immigrants de Hong Kong et de Guangzhou, au cours des 100 dernières années. En Amérique, « wu shu » tend à faire référence aux styles très acrobatiques pratiqués dans le nord de la Chine, et patronnés par l’Administration chinoise des sports. Cette immigration relativement récente reflète l’immigration ultérieure des styles nordiques de leurs cousins du sud.
« Quan fa » est un autre terme qui commence à apparaître à travers l’Amérique, et est utilisé de différentes manières. Littéralement, « quan fa » signifie « méthode du poing », et en chinois, se réfère à une seule partie des arts martiaux. Les Chinois se réfèrent à de nombreux « fa », comme « jian fa » (maniement de l’épée), « ti fa » (coup de pied), « bu fa » (jeu de jambes), etc. Cependant, « quan fa » est maintenant utilisé pour décrire les arts martiaux... même les styles japonais. J’ai vu plusieurs écoles de karaté qui se présentent comme des écoles « quan fa ». Peut-être s’agit-il d’un effort pour paraître plus compétent en matière d’histoire, mais cela semble être délibérément déroutant. Quelqu’un souhaitant en apprendre davantage sur les arts martiaux chinois et entrer dans une école de karaté « quan fa » sera déçu.
L’orthographe des caractères chinois n’est pas un problème nouveau. Le Japon, peut-être le plus fortement influencé par la culture chinoise, a également connu ces deux problèmes. À l’origine, les Japonais utilisaient les caractères chinois comme langue écrite et n’ont développé leur propre alphabet que plus tard. L’écriture japonaise conserve de nombreux caractères chinois. Peut-être avez-vous entendu parler de Kanji ? C’est l’orthographe japonaise pour han zi, ou « mots chinois ». Un autre exemple est Shorinji et Shaolinquan, qui sont la même « orthographe » pour les caractères signifiant « poing de Shaolin ».
Alors, la prochaine fois que vous verrez une école d’arts martiaux, prenez le temps de poser des questions sur le patrimoine de l’école. Qui étaient leurs professeurs? Où ont-ils appris? Dans quelle mesure l’enseignant comprend-il de cet héritage? Après tout, les arts martiaux sont bien plus que des coups de poing et des coups de pied. Si votre futur professeur n’en sait pas plus, vous passez à côté de quelque chose !
Les racines de Shaolin
Le monastère date de l’an 495, lorsque le roi Xiao Wen de la dynastie des Wei du Nord a construit le temple sur le mont Song dans le comté de Dengfeng, province de Heibei. Le sommet isolé de la montagne était parfait pour la contemplation tranquille du Bouddha.
Cependant, les temples n’étaient pas seulement d’humbles lieux de culte. Ils détenaient de nombreux objets rituels d’or, d’argent et d’autres matériaux précieux qui en faisaient une cible pour les bandits itinérants, et Shaolin ne faisait pas exception. En 610, les bandits furent tellement irrités par la résistance des moines qu’ils brûlèrent une grande partie du temple. Mais ils n’ont jamais mis la main sur les trésors. C’est peut-être ce besoin de se protéger qui a conduit les moines à maîtriser les combats d’état-major. En 621, lorsqu’ils ont sauvé le prince de Chin lors d’une bataille pour unifier le pays sous la dynastie Tang, les moines étaient déjà devenus d’excellents combattants et comptaient sur leurs bâtons pour défendre non seulement les innocents, mais aussi la nation.
Le sauvetage du prince
Le prince (et plus tard, empereur), Li Shi Min, était le fils du premier empereur de la dynastie Tang, le premier à s’emparer de la capitale de Chang An (aujourd’hui Xi An) après la chute de la dynastie Sui. Cependant, lorsque Gao Zu monta sur le trône, les États des plaines centrales refusèrent de reconnaître son règne. Li Shi Min partit pour unifier le pays par des campagnes militaires. En 621, alors que Li dirige une armée contre l’empereur rival Wang Shi Zhong, dans la région de Shaolin, il se retrouve pris dans un mouvement de tenailles. Désespéré, il implora Shaolin de l’aider. Le monastère envoya 13 moines qui entrèrent dans la bataille et capturèrent Wan Ren Ze, le bras droit de l’ennemi. Wang Shi Zhong se rendit et, en signe de gratitude, Li offrit aux moines loyaux des titres officiels et des terres. Il proclama également que Shaolin serait désormais autorisé à former sa propre armée de moines combattants. Ces actes sont enregistrés, avec la lettre de Li Shi Min demandant de l’aide, sur un acier de pierre encore conservé dans le temple à ce jour.
Un institut de recherche
La renommée de Shaolin en tant que foyer du bouddhisme zen et des moines combattants s’est répandue dans toute l’Asie. Comme il détenait la faveur royale, le temple était très riche et attirait les hommes qui cherchaient à « quitter la maison » (en d’autres termes, devenir moine). Des militaires à la retraite sont également venus à Shaolin, l’endroit idéal pour contempler le nirvana et transmettre les connaissances de combat qu’ils ont acquises au cours d’une vie de pratique.
Au fur et à mesure que les connaissances collectives du monastère devenaient plus profondes et plus raffinées, il a développé des méthodes de formation rigoureuses. Les moines eux-mêmes sont devenus les meilleurs combattants en Chine. Plus tard, le monastère a institué un tournoi annuel; les meilleurs combattants étaient défiés par les moines, et s’ils étaient victorieux, leurs techniques faisaient partie du programme Shaolin. De cette façon, siècle après siècle, le monastère a servi d’institut de recherche, rassemblant le meilleur de tous les arts martiaux et les affinant à leur somme et à leur substance les plus élevées.
Histoire de Hung Gar Gung Fu
Voici un résumé de l'ouvrage historique du hung gar - Deng Guangmin. L’interview de Wong Hon-hei (Huang Hanxi), le fils de Wong Fei-hung, telle que Deng Guangmin le présente et l’analyse dans presque le seul ouvrage réaliste sur l’histoire du Hung Gar.
L’interview de Wong Hon-hei (Huang Hanxi) (Publié dans le journal Xinwanbao, 15 mars 1957)
INTRODUCTION
Dans la troisième partie de l’ouvrage, Deng Guangmin consacre un chapitre entier à l’étude de cette interview, qu’il considère comme la source biographique la plus fiable concernant Wong Fei-hung. La raison en est simple :
• elle est donnée par son fils biologique,
• elle date de seulement 32 ans après la mort de Wong Fei-hung,
• et elle est basée sur des souvenirs directs, non romancés.
1. Précisions biographiques fondamentales issues de l’entretien
Date de naissance et décès
Wong Hon-hei déclare que son père est né en 1856 et mort en 1925, ce qui donnerait à Wong Fei-hung un âge de 69 ans. Deng souligne que cette datation est importante, car elle permet de replacer clairement Wong Fei-hung dans le contexte de la fin de la dynastie Qing et de la période républicaine du début du XXᵉ siècle. Il note cependant que Mok Gwai-laan, la quatrième épouse de Wong, affirmait que son mari avait vécu jusqu’à 75 ans, ce qui repousserait sa naissance aux environs de 1850. Deng considère néanmoins que le témoignage du fils reste plus fiable.
2. Portrait du maître selon son fils : caractère, vie quotidienne, valeurs
L’interview offre une image sobre et réaliste, loin du héros invincible de la littérature ou du cinéma.
Caractère et comportement
Wong Hon-hei décrit son père comme :
• extrêmement discipliné,
• calme et réservé,
• peu enclin à la vantardise ou à la démonstration inutile,
• profondément attaché à la bienveillance, aux vertus martiales (wude 武德),
• strict envers lui-même, mais paternel et mesuré avec ses disciples.
Deng insiste sur la valeur historique de ce portrait, car il contraste avec le Wong « super-héros » des films Hongkongais.
Vie quotidienne
Wong Fei-hung partageait ses journées entre :
• la pratique et l’enseignement du kung fu,
• les soins à la clinique Baozhilin (Bou-ji-lam),
• la préparation de remèdes traditionnels,
• des entraînements quotidiens rigoureux même à un âge avancé.
C’est également à travers son fils que l’on apprend que Wong Fei-hung vivait de manière modeste, sans rechercher la gloire ni les honneurs.
3. Correction de plusieurs légendes courantes
Deng remarque que l’entretien de 1957 permet de réajuster plusieurs mythes:
Wong Fei-hung et les défis de rue
Wong Hon-hei indique que son père n’acceptait jamais les défis en public, sauf en cas d’absolue nécessité pour protéger autrui.
Cette précision contredit l’image légendaire d’un maître parcourant les rues pour relever des défis.
Sa prétendue participation à des sociétés secrètes
Le fils nie toute appartenance de Wong Fei-hung à la Tiandihui ou à des groupes révolutionnaires.
Wong était patriote, mais pas impliqué politiquement.
Le nombre réel de ses disciples
Wong Hon-hei affirme que les disciples officiels proches étaient bien moins nombreux que ce que raconte la tradition populaire.
Deng s’appuie sur ce point pour réévaluer les listes souvent fantaisistes qui circulent dans les milieux martiaux.
4. La pratique martiale selon le témoignage du fils
Entraînement du Hung Gar au sein de la famille
Le fils témoigne que l’entraînement familial était dur mais progressif :
• beaucoup d’exercices de base (stances, conditionnement),
• importance donnée aux formes traditionnelles,
• application pratique contrôlée.
Techniques célèbres
Wong Hon-hei évoque aussi plusieurs compétences spécifiques de son père :
• le coup de pied sans ombre (無影腳),
• la maîtrise des frappes sur points vitaux,
• sa coordination exceptionnelle dans la danse du lion,
• et son expertise reconnue en dit da, le reboutement traditionnel.
Deng souligne que la précision du fils permet de distinguer clairement ce qui relève d’un talent véritable de ce que la fiction a amplifié.
5. La clinique Baozhilin (Bou-ji-lam) selon les souvenirs du fils
L’interview fournit plusieurs détails factuels :
• La clinique ne servait pas seulement aux soins : c’était aussi un lieu de formation morale et martiale.
• Wong Fei-hung soignait souvent des gens sans demander de paiement, ce qui renforça sa réputation de médecin charitable.
• La clinique accueillait aussi des martialistes blessés, notamment des pratiquants de la danse du lion ou des acrobates.
Ce témoignage contribue à ancrer la figure de Wong dans un rôle social et humanitaire, plus large que son seul rôle de maître de kung fu.
6. Développement : Les disciples réels de Wong Fei-hung dans l’ouvrage de Deng Guangmin
Deng consacre une section particulièrement riche à la liste authentifiée des disciples du maître, cherchant à distinguer les figures historiques de celles introduites plus tard par les romans ou les films.
Il rappelle que Wong Fei-hung a dirigé la clinique-martiale Baozhilin, qui a servi pendant plusieurs décennies de lieu de formation pour de nombreux élèves, mais que seuls quelques disciples peuvent être considérés comme « reconnus », c’est-à-dire attestés par des documents, articles, témoignages directs.
Les disciples historiquement attestés selon Deng Guangmin
Deng organise la liste en trois groupes :
• disciples internes, très proches,
• disciples martiaux reconnus,
• disciples médecins formés au sein de Baozhilin.
A: Les “Quatre Grands Disciples” reconnus historiquement
1. Lam Sai-wing 林世榮 (1860–1943)
Sans doute le disciple le plus célèbre ET historiquement documenté.
• Élève direct de Wong Fei-hung.
• Expert reconnu du Hung Gar dans les années 1920–1930.
• Auteur de trois manuels illustrés consacrés aux formes classiques :
• Gung Gee Fook Fu Kuen,
• Fu Hok Seung Ying Kuen,
• Tit Sin Kuen.
• Fondateur de nombreuses écoles de Hung Gar à Hong Kong.
• Rôle majeur dans la standardisation du style et sa transmission hors du Guangdong.
Dans le livre, Deng lui accorde un long paragraphe, soulignant :
• sa rigueur,
• sa loyauté envers Wong,
• et l’importance de ses livres comme documents historiques tangibles.
2. Tang Fung 鄧芳 / Deng Fang (1874–1955)
Autre disciple majeur, formé longuement à Baozhilin.
• Particulièrement apprécié pour sa maîtrise du Fu Hok (Tigre et Grue).
• A dirigé une école influente à Hong Kong dans les années 1930.
• Connu pour son caractère droit et son approche stricte.
Deng note que Tang Fung était un témoin direct de la vie quotidienne du maître, et qu’il a transmis plusieurs anecdotes fiables aujourd’hui utilisées par les historiens des arts martiaux.
3. Leung Foon 梁寬 (Leung Kwan) – version historique
La figure de Leung Foon a été fortement romancée au cinéma.
Deng distingue :
• Leung Foon historique, garde du corps et disciple de Wong Fei-hung,
• Leung Foon fictionnel, protagoniste de films et feuilletons.
Le disciple réel était :
• doué dans les techniques à main nue,
• réputé pour sa rapidité,
• et connu aussi comme assistant de Baozhilin.
4. Ling Wan-kai 凌雲楷
Beaucoup moins connu du grand public, mais attesté par plusieurs témoignages.
• Exécutant exceptionnel des armes longues.
• Très impliqué dans les démonstrations publiques de l’école.
• A exercé un rôle clé dans l’organisation des entraînements des jeunes disciples.
B. Les disciples spécialisés (médecine + arts martiaux)
5. So Chan 蘇燦 – À distinguer du personnage “Beggar So” (Sou Can)
Deng insiste ici :
Le “mendiant Sou” des légendes n’a rien à voir avec le disciple réel.
Le vrai So Chan était :
• étudiant de Baozhilin,
• formé au dit-da (reboutement),
• connu pour sa capacité à traiter les blessures des artistes de la danse du lion.
6. Lui Chan (Lui Zhan) 呂湛
• Spécialiste des techniques « pont-adhérent » (nei gung).
• Très respecté pour sa maîtrise du Tigre-Grue.
• A soigné plusieurs patients en binôme avec Wong Fei-hung durant sa jeunesse.
C. Les disciples plus jeunes et témoins de la fin de Baozhilin
Gaan Man-ying (Jian Minying) 簡民英
Deng cite longuement Gaan Man-ying car ses souvenirs constituent l’un des documents les plus précieux sur la vie tardive de Wong Fei-hung.
• Élève dans sa jeunesse,
• assistant de la clinique,
• témoin direct du quotidien de Wong, de son caractère, de son enseignement.
Les articles et notes de Gaan Man-ying sont reproduits en annexe du livre.
8: Wong Hon-hei 黄汉熙 (fils de Wong Fei-hung)
Bien qu’il ne soit pas un disciple « au sens classique », Deng l’inclut car il :
• a étudié auprès de son père,
• connaissait parfaitement les exercices,
• a transmis des informations clés par son interview de 1957.
Cependant il n'y a pas de filiation martiale depuis Wong Hon-hei, sa mort prématurée en 1920 autour d'une éventuelle rivalité d'école d'art martiaux a mis fin à ce canal. Sans preuves strictes il est généralement évoqué la fin de l'enseignement de Wong fei hung après ce drame. Wong Fei Hung décédera peu de temps après.
III. Apports techniques et pédagogiques des disciples
Deng analyse également :
• les contributions spécifiques de chaque disciple au Hung Gar,
• l’évolution du style à travers leurs enseignements,
• la manière dont certains (notamment Lam Sai-wing) ont fixé par écrit des formes qui avant eux n’étaient transmises que de façon orale.
En particulier, il souligne :
• Lam Sai-wing → diffusion internationale, formalisation.
• Tang Fung → conservation des formes anciennes sans modification.
• Ling Wan-kai → maîtrise des armes longues.
• Gaan Man-ying → rôle de mémoire historique.
La différence entre disciples historiques et disciples de fiction
Deng consacre un passage entier à démonter les confusions suivantes :
• Le fameux “Dix Tigres de Canton” → invention en grande partie littéraire.
• Sou Chan “Beggar So” → personnage d’opéra, pas un disciple réel.
• Certains disciples attribués à Wong dans les films → purement fictionnels.
Il s’efforce de tracer une frontière claire entre :
• ce qui relève de la transmission documentée,
• et ce qui appartient au folklore martial cantonais.
Conclusion : la véritable lignée de Wong Fei-hung selon Deng
Deng présente une vision sobre, réaliste et vérifiée de l’entourage martial de Wong Fei-hung.
Son travail permet de reconstruire un arbre de transmission authentique, débarrassé des embellissements cinématographiques, et fondé sur :
• documents d’époque,
• interviews (Wong Hon-hei, Mok Gwai-laan),
• témoignages de disciples confirmés,
• archives d’écoles de Hung Gar
Les maîtres mythiques du Hung Gar et du Shaolin du Sud selon Deng Guangmin en tenant compte des informations tangibles et celles mythiques.
Deng consacre une partie essentielle de son ouvrage à examiner les figures légendaires que la tradition cantonaise associe à la fondation du Hung Gar. Il adopte une approche prudente, distinguant :
• la valeur symbolique de ces maîtres dans l’imaginaire martial,
• et la faiblesse de leur attestation historique.
Voici les principales figures abordées.
1. Ji-sin Sim Si (Zhishan 至善)
Le grand moine survivant de Shaolin – figure centrale du mythe
Traditionnellement considéré comme :
• un maître de boxe du monastère Shaolin du Sud,
• survivant de sa destruction,
• et enseignant de Hung Hei-gun.
Deng, sur la base de recherches modernes, remarque :
Ce qui est probable
• Plusieurs moines du nom “Zhishan / 至善” apparaissent dans des biographies religieuses Ming et Qing.
• Il existait bel et bien des courants monastiques dans le Fujian et le Guangdong liés à la pratique martiale.
Ce qui est légendaire
• Aucun document ne rattache un moine Ji-sin à Hung Hei-gun.
• Le rôle de “transmetteur fondateur” vient principalement de récits tardifs (XIXᵉ–XXᵉ siècle), liés à :
• la propagande anti-mandchoue,
• la tradition orale des sociétés secrètes,
• la littérature kung-fu du sud.
Ainsi, Deng conclut que Ji-sin est une figure symbolique, incarnant la transmission morale de Shaolin, mais non un personnage documenté du Hung Gar historique.
2. Ng Mui (Wu Mei 五枚)
La nonne fondatrice du Wing Chun – figure transversale du Sud
Bien que Ng Mui soit davantage associée au Wing Chun, elle apparaît souvent dans les récits de la destruction de Shaolin.
Deng analyse :
Ce qui est constant dans la tradition
• Ng Mui est décrite comme l’une des “Cinq Anciens” survivants de Shaolin.
• Une nonne experte en arts martiaux existait peut-être dans des légendes locales.
Ce qui pose problème historiquement
• Aucun texte Ming ou Qing ne mentionne une nonne du nom “Ng Mui”.
• Son rôle dans le développement des styles du Sud est une construction littéraire tardive, popularisée au XXᵉ siècle.
Ng Mui représente donc, pour Deng, l’archétype féminin de la résistance anti-Qing, mais pas une figure historiquement attestée.
3. Les “Cinq Anciens” (五老) de Shaolin du Sud
Traditionnellement :
• Ji-sin,
• Ng Mui,
• Bak Mei (白眉),
• Fung Tou-tak (馮道德),
• Miu Hin (苗顯).
Deng note :
• Aucune liste homogène n’existe avant le XIXᵉ siècle.
• Les noms changent selon les écoles, ce qui indique une consolidation mythologique.
• Ils symbolisent plutôt différentes qualités martiales qu’un groupe réel.
4. Hung Hei-gun (Hong Xiguan 洪熙官)
Le père fondateur du Hung Gar – figure à la frontière entre mythe et histoire
Deng analyse minutieusement son cas :
Indices en faveur d’une existence réelle
• Tradition orale solide dans le Guangdong.
• Rôle récurrent dans les récits du Hoi Tong Monastery.
• Présence de “Hong” dans les réseaux du Hongmen (Tiandihui), même si pas directement documentée.
Ce qui reste incertain
• Aucun document Qing ou républicain ne confirme son existence.
• Son rôle dans la transmission du style semble avoir été reconstruit a posteriori.
Deng conclut donc que Hung Hei-gun est probablement un personnage historique, mais son rôle fondateur a été amplifié par le folklore et les sociétés secrètes.
Le travail de Lam Sai-wing (林世荣) selon Deng Guangmin
Deng accorde à Lam Sai-wing une importance capitale, car son rôle dans la formalisation, la documentation et la diffusion du Hung Gar est incomparable.
1. Un disciple direct et un témoin incontournable
Lam Sai-wing fut :
• élève proche de Wong Fei-hung,
• expert très respecté à Canton puis à Hong Kong,
• instructeur de troupes paramilitaires et d’associations civiles.
Deng souligne qu’après la mort de Wong, Lam Sai-wing devint la figure la plus influente du Hung Gar.
2. Son travail littéraire et iconographique
Lam a laissé trois ouvrages majeurs, illustrés de photographies d’époque, véritables trésors pour les chercheurs :
1. Gung Gee Fook Fu Kuen 工字伏虎拳
2. Fu Hok Seung Ying Kuen 虎鹤双形拳
3. Tit Sin Kuen 铁线拳
Ces ouvrages ont permis :
• de fixer les formes, auparavant transmises oralement,
• de préserver des postures, séquences et principes fidèlement,
• de standardiser la pratique du Hung Gar moderne.
Deng considère ces livres comme des documents historiques prioritaires, car ils sont datés, illustrés et liés directement au cercle de Wong Fei-hung.
3. La diffusion du Hung Gar
Lam Sai-wing a créé :
• des écoles au Guangdong et à Hong Kong,
• des instructeurs formés systématiquement,
• un réseau de disciples qui a permis au style d’arriver :
• en Asie du Sud-Est,
• en Amérique du Nord,
• en Europe.
Pour Deng, sans Lam Sai-wing, il n’y aurait pas de Hung Gar international.
Les apports techniques de Lam Sai-wing
Deng détaille plusieurs contributions :
• clarification des postures fondamentales,
• systématisation de l’entraînement aux armes,
• formalisation des fondamentaux internes du Tit Sin Kuen,
• rôle dans la codification de la danse du lion du Hung Gar, devenue emblématique.
Il est considéré comme l’artisan principal du Hung Gar “classique”, tel qu’on le connaît aujourd’hui.
III. Les formes du Hung Gar : structure, contenu, créateurs reconnus
Deng consacre un chapitre entier à décrire les trois grandes formes fondamentales du Hung Gar moderne et leurs origines possibles.
1. Gung Gee Fook Fu Kuen 工字伏虎拳
La forme du caractère “工” – Dompter le tigre
Caractéristiques
• Base de la structure du style.
• Développe force, stabilité, alignement, puissance.
Création attribuée à :
• Tradition orale : Hung Hei-gun.
• Approche historico-critique :
• forme probablement réorganisée par Wong Fei-hung,
• et encore plus standardisée par Lam Sai-wing.
Rôle dans le style
• Introduit tous les principes fondamentaux du Hung Gar.
2. Fu Hok Seung Ying Kuen 虎鹤双形拳
Les formes combinées du tigre et de la grue
Caractéristiques
• Combinaison harmonieuse de force (tigre) et de légèreté (grue).
• Forme d’une grande profondeur technique.
Création attribuée à :
• Tradition : un travail coopératif entre Hung Hei-gun et Luk Ah Choi.
• Analyse de Deng :
• la forme est ancienne, mais son organisation actuelle est probablement l’œuvre de Wong Fei-hung,
• qui l’aurait structurée pédagogiquement.
Rôle dans le style
• Pont entre puissance externe et contrôle interne.
3. Tit Sin Kuen 铁线拳
La “Forme des fils de fer” – Travail interne du Hung Gar
Caractéristiques
• Exercice avancé de respiration, force interne, vibration musculaire.
• Identifié comme le sommet du système.
Création attribuée à :
• Tradition : Tit Kiu Sam (Iron Bridge Three), un maître du sud du XIXᵉ siècle.
• Deng confirme que cette attribution est plausible, car Tit Kiu Sam est l’un des rares maîtres du Sud réellement documentés.
Rôle dans le style
• Forme de développement interne et de renforcement du corps.
Conclusion générale
Deng Guangmin propose une vision :
• historico-critique,
• débarrassée de la fiction cinématographique,
• précisant la distinction entre les mythes, les traditions orales et les documents authentifiés.
Ce qu’il met en évidence :
• Les maîtres mythiques sont des symboles culturels plus que des figures historiques vérifiables.
• Lam Sai-wing est l’artisan majeur de la formalisation du Hung Gar moderne.
• Les trois grandes formes sont un legs collectif, partiellement mythifié, mais solidifié par la transmission de Wong Fei-hung et la documentation de Lam Sai-wing.
Voici la suite développée portant sur :
1. La légende de l’incendie du Shaolin du Sud,
2. Une filiation martiale complète sous forme de schéma,
3. Les biographies développées de Tit Kiu Sam et d’autres maîtres majeurs du Sud.
Je respecte l’esprit du livre de Deng Guangmin, tout en développant les points avec rigueur historique (Deng insiste beaucoup sur la distinction entre mythe, romanisation et données vérifiables).
La légende de l’incendie du Shaolin du Sud (développement)
Deng Guangmin consacre un passage important à cette légende, précisément parce qu’elle constitue l’un des piliers narratifs du Hung Gar moderne mais qu’elle est historiquement problématique.
■ Origine de la légende
La légende raconte qu’un monastère Shaolin du Sud, situé soit au Fujian, soit au Guangdong, aurait été détruit par les Mandchous (dynastie Qing).
Les survivants — les « Cinq Aînés » (五老, Ng Lou) — auraient ensuite répandu leur art dans le Sud de la Chine.
Les cinq figures les plus souvent citées :
• Ji-sin Sim-si 至善禅师 (Zhishan)
• Ng Mui 五枚
• Fung Dou-dak 冯道德
• Bak Mei 白眉
• Miu Hin 苗显
Deng souligne que ces noms apparaissent dans la littérature populaire et les romans martiaux bien avant d’être repris par les écoles d’arts martiaux. Ce sont des symboles narratifs d’une résistance anti-Qing.
■ Construction progressive du mythe
Deng montre que :
• La destruction d’un monastère Shaolin est documentée, mais pas celui du Sud, ni avec les personnages légendaires associés.
• Plusieurs monastères régionaux prétendaient être « Shaolin du Sud », comme Quanzhou ou Putian au Fujian.
• La Tiandihui (société secrète) s’est approprié la légende pour légitimer son combat contre les Qing.
• À la fin du XIXᵉ siècle, les écoles populaires du Guangdong (Hung Gar, Choy Lee Fut, Wing Chun…) adoptent cette légende comme généalogie glorifiante.
■ Déconstruction par Deng
Deng insiste sur trois points :
1. Aucun document Qing ne mentionne l’incendie d’un “Shaolin du Sud”.
Les seules destructions attestées concernent le Monastère de Shaolin du Henan (Nord).
2. Les biographies de Ji-sin ou Ng Mui sont absentes des sources monastiques.
Elles émergent d’abord dans les romans cantonais du XIXᵉ siècle.
3. Hung Hei-gun n’apparaît pas dans les archives de la Tiandihui.
C’est crucial :
→ s’il était réellement un membre fondateur, son nom devrait figurer dans les documents secrets du Hongmen.
→ mais il n’y est jamais mentionné.
■ Pourquoi la légende survit-elle ?
Deng explique que la légende :
• offre une origine héroïque et sacrée aux styles du Sud,
• réunit les maîtres sous un même symbole,
• permet d’affirmer une filiation prestigieuse liée à la résistance anti-mandchoue.
En conclusion, la légende est un récit structurant, indispensable pour comprendre la culture martiale du Sud, mais pas un fait historique.
ce que Deng appelle une double filiation :
• mythique/littéraire → Ji-sin → Hung Hei-gun
• historique/documentée → Luk Ah-choi → Wong Kei-ying → Wong Fei-hung
Biographie développée de Tit Kiu Sam (铁桥三)
(“Sam aux ponts de fer”) — personnage clé du Hung Gar pré-Wong Fei-hung)
Deng présente Tit Kiu Sam comme un maître semi-historique du Guangdong, actif probablement au début du XIXᵉ siècle.
■ Éléments biographiques (selon Deng et les sources du Sud)
• Nom civil : Leung Kwan 梁坤.
• Surnom : Tit Kiu Sam 铁桥三, « le Troisième au Pont de Fer » (le surnom “Pont de fer” se réfère à ses bras réputés indestructibles).
• Formation : il aurait appris auprès de Siu Lam (Shaolin du Sud selon la tradition), peut-être de Ji-sin, mais ceci n’est pas historiquement vérifiable.
• Spécialité :
• travail des tendons et du fer (tit ging 铁劲),
• le style Tit Sin Kuen (铁线拳, « Forme du Fil de Fer »),
• une combinaison de respiration, renforcement martial et techniques internes-externes.
■ Rôle dans la tradition Hung Gar
Deng indique que la forme Tit Sin Kuen, souvent attribuée à Tit Kiu Sam, joue un rôle essentiel dans la codification du Hung Gar moderne :
● 1. Elle constitue la forme reine, le sommet du style.
● 2. Elle intègre un système respiratoire sophistiqué (six sons, contrôle du diaphragme).
● 3. Elle influence durablement la méthodologie du renforcement dans le Hung Gar.
C’est Lam Sai Wing, disciple de Wong Fei-hung, qui publiera en 1919 un manuel célèbre sur la forme, assurant sa diffusion mondiale.
Selon la tradition cantonais, Tit Kiu Sam aurait trouvé la mort après avoir refusé de soigner un fonctionnaire corrompu. Deng précise que ce récit relève plus de la mythification morale que de l’histoire.
Autres maîtres du Sud mentionnés par Deng
■ Luk Ah-choi 陸阿采
Un des premiers maîtres dont l’existence est quasi certaine.
• Ancien soldat manchou naturalisé cantonais selon certaines versions.
• Aurait appris auprès de Ji-sin (version légendaire) mais Deng note l’absence de preuve.
• Maillon essentiel entre la légende et l’histoire du Hung Gar.
■ Wong Tai-hoeng 黄泰亨
Maître très discret dans la littérature mais attesté comme professeur de Wong Kei-ying.
• Doué en herboristerie et en techniques de combat.
• Représente une transmission déjà très enracinée dans la réalité sociale du Guangdong.
■ Wong Kei-ying 黄麒英 (v. 1815–1886)
Père de Wong Fei-hung, membre des Dix Tigres du Guangdong.
• Médecin itinérant, spécialiste des coups de paume et du bâton.
• Sa biographie est mieux documentée que celle de tous les maîtres précédents.
■ Ji-sin (Zhishan) et Ng Mui
Deng rappelle qu’ils appartiennent à la littérature martiale plus qu’à l’histoire, mais qu’ils jouent un rôle fondamental dans la légitimité des styles du Sud.
Enfin si nous tenons compte des formes actuelles pratiquée dans toutes les école du Hung Gar il y en a au moins trois suplémentaires :
1. Mui Fa Kuen (梅花拳 – Poing de la Fleur de Prunier)
Attribution traditionnelle, Ancien héritage Shaolin du Sud, attribuée à la période pré-Wong Fei-hung.
Mui Fa Kuen est considérée comme une forme ancienne, issue des méthodes de base du Hung Gar primitif. Elle est parfois associée à Hung Hei-gun (fondateur mythique) ou aux moines laïcs Shaolin du Sud Elle met l’accent sur la structure, les pas angulaires, le travail de racine et de ponts courts
2. Lau Gar Kuen (劉家拳 – Poing de la famille Lau)
Attribution claire et reconnue, Lau Sam-Ngan (劉三眼) Lignée Lau Gar, intégrée au Hung Gar. Lau Gar Kuen est l’un des “Cinq styles du Sud”. Lau Sam-Ngan est un maître réel, souvent cité dans les généalogies. Le Hung Gar a absorbé cette forme, probablement à Canton. Les styles du Sud se sont entrecroisés. Wong Fei-hung (ou ses prédécesseurs) a intégré Lau Gar Kuen comme forme complémentaire, plus mobile, plus circulaire que le Hung Gar pur
3. Wu Dip Jeung / Wu Dip Djeon (蝴蝶掌 – Paumes du Papillon)
Attribution la plus discutée. Traditionnellement attribuée à Wong Fei-hung, Probablement systématisée plutôt que créée.Wu Dip Jeung est souvent associée à : le combat rapproché, les frappes en chaîne, les transitions rapides main gauche / droite, Certains lignages la relient à des méthodes féminines du Sud ou à des influences Wing Chun / Bak Hok.
4. La forme Sap Yin Kuen (souvent transcrite Sup Ying Kuen / Sap Ying Kuen – 十形拳, « Poing des Dix Formes ») occupe une place tout à fait particulière dans le Hung Gar. Elle est à la fois centrale, tardive, synthétique et souvent mal comprise. Sap Ying Kuen = « La forme des Dix formes », parfois appelée :
Dix animaux, Dix principes, Dix énergies
L'attribution est encore à Wong Fei-hung, codifiée à la fin de sa vie. Wong Fei-hung n’a probablement pas inventé chaque section
Il a rassemblé, organisé et condensé des méthodes déjà existantes
Sap Ying Kuen est une forme de synthèse, pas une forme primitive.
Dans la tradition Hung Gar issue de Lam Sai-wing, on trouve souvent :
Dragon (龍) – esprit, continuité, souplesse
Tigre (虎) – puissance, os, ancrage
Léopard (豹) – vitesse, explosivité
Serpent (蛇) – précision, qi, pénétration
Grue (鶴) – équilibre, timing
Métal (金) – dureté, coupe
Bois (木) – élasticité, croissance
Eau (水) – fluidité, adaptation
Feu (火) – explosivité interne
Terre (土) – stabilité, enracinement
La forme à un lien évident avec le tit sin kune pour une partie seulement. On entend parfois dire : Tit Sin construit – Sap Ying exprime. La forme est attestée chez Lam Sai-wing,elle est reconnue comme tardive, elle porte la marque de Wong Fei-hung
Sap Ying Kuen = forme de synthèse ultime du Hung Gar
Il existe, selon les écoles d'autres formes (main nue et armes) mais toujours ces 7 principales.
Ce qui légitimise universellement un pratiquant de Hung Gar c'est sa lignée qui le rattache honnêtement à Wong Fei hung, et les maitres entre lui et Wong Fei Hung obligatoirement. Les formes pratiquées/enseignées dans son Kwoon (école) qui sont les bases du style. Le Hung gar par ses légendes, mythes, histoires et liens culturels chinois, est probablement le style de kung fu traditionnel le plus reconnu, le plus complet et complexe (énergie, émotions, sons, balances ying yang, travail du souffle, muscles, tendons). C'est pour cela qu'il existe une pléiades d'écoles qui y ont vu une MARQUE indiscutablement vendeuse. J'espère que ce documentaire "retranscrit" vous permettra d'en apprendre plus sur ce style et peut être sur votre propre enseignement.
Un professeur peu dire légitimement "je ne sais pas", quand il affirme des vérités invérifiables et contres historiques c'est très souvent pour cacher ce qui pourtant sautes au yeux. Mon Sigong Sifu Paolo Cangelosi - International Kung Fu School, raconte dans son livre sa rencontre et son travail avec le Grand Chan Hon Chung (élève de Lam Sai Wing) il décrit un personnage complet, juste et sincère. Il décrit également d'autres maîtres qui l'a pu côtoyer pour lesquels l'argent se cachait derrière chaque actes. Nous avons un accès aujourd'hui facilité aux maitres reconnus, c'est pour cela que la légendes et la réalité ne s'éclaircissent seulement maintenant.
